Traitement des fibromes : les alternatives à la chirurgie
Plusieurs
innovations techniques ont été développées au cours des dernières
années comme alternatives à la prise en charge chirurgicale des
fibromes utérins, mais elles doivent encore être évaluées par rapport
aux approches existantes, estime le Collège National des
Gynécologues-Obstétriciens de France (CNGOF) dans ses recommandations
2011.
L'embolisation des artères utérines est à ce jour
la technique non chirurgicale la plus développée. Deux nouvelles
techniques thérapeutiques sont prometteuses, étant moins agressives que
l'embolisation : le traitement par ultrasons focalisés (FUS), qui est
pratiqué depuis 2007 en France, et le traitement par occlusion
temporaire des artères utérines, dont l'évaluation est pour le moment
suspendue.
Embolisation, une technique validée
Parmi
les méthodes de destruction des fibromes non chirurgicales,
l'embolisation des artères utérines est à ce jour l'une des techniques
les plus développées et désormais validée à long terme. L'intervention
est réalisée sous anesthésie locale, une sonde fine est introduite au
pli de l'aine, puis guidée le long des artères jusqu'à l'artère
utérine. Une fois en place, cette sonde permet d'injecter des petites
billes, de la taille de grains de sable, dans les vaisseaux irriguant
les fibromes. Le blocage du flux sanguin permet d'assécher les fibromes
et donc de traiter les symptômes. Elle nécessite une hospitalisation de
24 à 48 heures. Le contrôle de la douleur post-embolisation est réalisé
par différents médicaments antalgiques ou par une petite pompe dont on
peut régler la dose en fonction de l'intensité des douleurs. Le retour
à une activité normale se fait en une ou deux semaines. L'embolisation
est efficace pour traiter les fibromes symptomatiques. Elle permet une
réduction substantielle de leur volume. Les taux de complications sont
inférieurs ou égaux à ceux de l'hystérectomie ou de la myomectomie.
Parmi les contre-indications, le type de fibrome : "il n’est pas
recommandé de traiter par embolisation un myome unique intra-utérin ou
sous-séreux pour lesquels il existe un traitement. Cette technique est
plutôt indiquée en cas de fibromes multiples, interstitiels", a
souligné le Pr Xavier Fritel, gynécologue au CHU de Poitiers lors de la
présentation des recommandations 2011 de prise en charge des fibromes.
Mais surtout, à cause du risque élevé de fausse-couche que
l'embolisation entraîne, elle est déconseillée chez les jeunes femmes
qui ont un désir d'enfants. Deux nouvelles techniques moins agressives
permettent d'éviter l'hospitalisation et les douleurs post-opératoires.
Traitement par Ultrasons Focalisés (FUS)
Le
traitement par Ultrasons Focalisés guidés par IRM est une nouvelle
alternative peu invasive pour la prise en charge des fibromes utérins.
Les Ultrasons Focalisés sous IRM sont une véritable avancée
technologique pour détruire les tumeurs ou lésions internes. La
technique consiste à émettre un faisceau d'ultrasons à haute intensité
qui va chauffer et détruire les tissus visés, de manière non invasive.
L'imagerie par résonance magnétique (IRM) visualise la cible à détruire
et permet le contrôle du traitement en temps réel. "Depuis juillet
2007, nous disposons en France d'une telle méthode, il était alors
logique de s'attaquer à une tumeur bénigne et à la plus fréquente chez
la femme avant la ménopause : le fibrome utérin", explique le Pr Henri
Marret, CHU de Tours. La durée de la procédure est variable selon la
taille du fibrome mais il faut compter 3 heures de traitement pour un
fibrome de 8 cm. Ses avantages ? Ce traitement est très bien supporté,
entraînant un soulagement immédiat avec amélioration des symptômes, pas
de douleurs post-opératoires, un faible taux de complication et une
reprise immédiate du travail. Cependant, elle n'est pas accessible à
toutes les femmes ayant des fibromes. Les critères de sélection ? Age
supérieur à 18 ans, pré-ménopause mais parfois post-ménopause, désir de
grossesse possible, fibromes symptomatiques, pas de contre-indications
à l'IRM, taille de fibrome > 5 cm et < 12 cm, pas de cicatrice
abdominale importante centrale.
"Le traitement par ultrasons
focalisés monitorés par IRM ou par échographie représente une nouvelle
opportunité avec des résultats encourageants après une courbe
d'apprentissage", souligne le Collège National des
Gynécologues-Obstétriciens de France dans les recommandations de prise
en charge des fibromes, réactualisés en 20111. Mais il estime
"nécessaire de poursuivre la recherche clinique sur ces techniques avec
des essais comparatifs face à la chirurgie ou l'embolisation des
artères utérines, afin d'obtenir les niveaux de preuve suffisants pour
une recommandation" et ajoute que "les patientes bénéficiant de ces
techniques doivent être incluses dans des protocoles de recherche".
L'occlusion des artères utérines
Le
traitement conservateur des fibromes par occlusion temporaire des
artères utérines est un concept qui a été évalué en 2007 dans plusieurs
essais pilotés par le laboratoire Ethicon. Le principe : "diminuer le
flux sanguin dans les artères utérines pour favoriser la nécrose des
fibromes", peut-on lire dans une étude à paraître en janvier dans le
Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction1, qui
évalue les approches alternatives à l'hystérectomie dans la prise en
charge des fibromes. En pratique, il s'agit de clamper les deux artères
utérines par voie vaginale -donc sans incision- pendant 6 heures. Cette
intervention se pratique sous rachianesthésie, au bloc opératoire.
Au
vu des résultats, cette approche semble efficace puisque le volume du
fibrome décroît de 40 à 50 % après la procédure et que les symptômes
sont améliorés de 80 à 90 % à six mois. Comparée à l'embolisation,
l'occlusion temporaire des artères utérines n'expose pas les patientes
aux radiations et l'intervention entraîne moins de douleur, poursuivent
les auteurs de l'étude, qui qualifient cette technique d'"efficace et
peu dangereuse". Néanmoins, 4 cas d'hydronéphrose (les uretères ont été
pris dans le système d'occlusion) survenus dans l'étude européenne ont
incité le laboratoire à suspendre la poursuite des essais, "craignant
qu'une diffusion plus large de cette technique se solde par un trop
grand nombre d'accidents d'uretères", explique à Doctissimo le Pr Hervé
Fernandez, chef du service de gynécologie-obstétrique à l'hôpital
Bicêtre (AP-HP). "Nous le regrettons car ce système permettait de
donner le feu vert pour une grossesse ultérieure", souligne le
spécialiste pour lequel les bons résultats ont pu être minorés dans
l'étude européenne en raison d'une sélection imparfaite de la
population incluse.
Au-delà de ce risque important,
l'occlusion temporaire des artères utérines n'entraînerait pas un effet
aussi durable dans le temps que la technique éprouvée de
l'embolisation.
D'autres techniques sont en cours
d'évaluation, indique le Pr Fernandez. On peut donc penser que dans les
années à venir, de plus en plus de femmes devraient pouvoir bénéficier
de ces nouvelles techniques non chirurgicales, moins lourdes et
douloureuses que la chirurgie ou l'embolisation.
Amélie Pelletier - décembre 2011
Mis à jour le 6 septembre 2012
Sources ;
Points presse CNGOF, 2 décembre 2011
1.
Ouldamer L, Marrte H. Alternatives thérapeutiques des fibromes hors
traitement médicamenteux et embolisation. J Gynecol Obstet Biol Reprod
(Paris) (2011).
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